Colombie Britannique (Canada) - Washington (USA)

Samedi 29 août 2015

Seattle (WA) - Seattle (WA) : ~500 km - Parcours J23


Sea To Sky Highway (Reverse mode)


Ce matin, réveil avec le sourire car la Sea-To-Sky Highway m'attend. Son vrai nom est British Colombia Highway 99.

Dans mon cas, ce sera plutôt la Sky-To-Sea Highway singing in the rain.


Pour situer un peu le truc, le détroit de Géorgie sépare l'île de Vancouver du continent.

Quelques baies se trouvent sur les rives du détroit.



Parmi elle, la Baie Howe - Howe Sound - que longe la fameuse route côtière, reliant ainsi le Détroit de Géorgie (Sea) aux montagnes de Whistler (Sky).



La météo m'annonce l'enfer pour aujourd'hui : pluie, orage, tempête. Alea jacta est.

La météo exagère tout le temps, c'est bien connu.


Je décolle de l'auberge de jeunesse de Whistler, avant que l'aube ne commence à poindre, sous des trombes d'eau avec quelques éclairs de-ci de-là. Jusque-là, la météo a juste. Je devine alors que la journée riisque d'être longue et un peu fatigante. Mais je ne savais pas encore à quel point elle allait l'être.


Au bout de quinze minutes de roulage, je percute que j'ai oublié ma veste de rando à l'auberge. Donc U-turn...

Me revoilà de retour direction Squamish, toujours chantant sous la pluie, gaiement.

La partie jusqu'à Squamish se fait en forêt sur une route large et un peu sinueuse. Rien d'exceptionnel jusque-là.


A partir de Squamish, faut admettre que la vue est quand même sympa malgré le temps.

Je ne prends pas le risque de sortir l'appareil photo avec tout ce qui tombe. Fluctuat nec mergitur.

Je continue la descente vers la mer. La route est très large, c'est pas une highway pour rien.

Je fais une partie de la route debout sur les repose-pieds pour mieux profiter de la vue, en faisant gaffe de pas me vautrer avec ces derniers bien glissants.


Je comprends mieux le sens de son nom : Sea -> Sky. Les vues offertes dans le sens de la montée sont nettement mieux que dans le sens que je prends. Mais je reste quand même sur ma faim. Tant pis. De toute façon, j'ai prévu de revenir dans ce coin, British Colombia et Alberta en mode rando toussa toussa. Y a l'air d'avoir plein de trucs de plein air à faire. Au soleil couchant, ça doit être magnifique.


Après quelques arrêts sous une bonne pluie, afin de profiter un peu mieux des paysages, me voilà à Vancouver.

La pluie commence à s'atténuer et le soleil à percer les nuages. Je ne traine pas trop à Vancouver mais ça a l'air bien. I'll be back !

Je préfère me laisser le temps d'aller au North Cascades National Park si celui-ci est ouvert.

Il l’annonçait fermé à cause des incendies. J'espère qu'avec toute la flotte qui tombe, celui-ci sera ouvert.


Passage de la frontière


J'arrive donc au poste frontière Canada - USA de Peach Arch. Je vous passe les deux heures d'attente à pousser la moto dans les bouchons. Heureusement, le ciel s'est un peu dégagé avant d'arriver sur place. J'en profite donc pour immortaliser ce moment.



C'est à mon tour de passer. Le douanier est super sympa. Il me félicite de mon voyage et me souhaite bonne route pour le retour.

Me voici donc de retour au pays de la bannière étoilée et de la mal-bouffe.



Highway to Hell


Au bout de quelques miles sur la Highway 5, le vent commence à forcir.

Habitué à rouler par bonne Tramontane et Mistral, je me dis que ça va le faire. Ouais sauf que là je me fais méchamment brasser.

Les rafales me font presque changer de voie, je fais des écarts de malade. Ça commence à me faire peur.

Arrivé à Burlington, cela fait déjà 80 km que je valse avec le vent. Je décide donc de tenter ma chance vers l'est pour visiter North Cascades National Park. Les panneaux indiquent qu'il est ouvert. Youhou !!!


Les conditions météo sont meilleures en allant vers l'est. Le vent se fait beaucoup moins sentir. Les choses s'arrangent on dirait.

45 miles plus loin, à Rockport. Petite pause carburant et c'est reparti. Arrivé à Corkindale à quelques miles de l'entrée du parc, la sentence tombe : un panneau indique que le parc est fermé à cause des risques d'incendie.

Ils auraient pas pu la mettre bien avant cette information, bande de couillons. (NDLR : euphémisme).

Je gueule comme un putois dans mon casque.


9e épreuve - Come back to "Highway to Hell"


Je repars donc vers l'ouest pour récupérer la Highway 5.


Et là le véritable enfer commence. A Burlington, ce satané vent est toujours là.

C'est reparti pour le ballotage. J'espère que je vais pas me taper une caisse.

Aux feux, je manque par deux fois de finir au sol à cause du vent. Je retrouve la Highway 5 direction Everett.


Les panneaux d'information annonce d'énormes bouchons, chutes d'arbres... Ça pue ça !

Et en effet, à hauteur de Marysville au nord d'Everett, la Highway est complètement bouchée.

Pas le droit de remonter les files. Ce n'est pas toléré comme en Californie ici.

Alors je fais le français bien élevé, et très con surtout. Je reste dans ces satanés bouchons, accompagné de mon ami "le vent" qui semble un peu baisser en intensité.


J'essaie de m'abriter quand même avec les voitures. Ça avance doucement. Au bout de 40 minutes, avec le levier d'embrayage de la Yamaha non réglable - j'avais pas investi dans un adaptable à ce moment-là - je commence à avoir des crampes dans la main gauche. Je fais donc une petite pause de 10 min sur le bas-côté pour reposer un peu le bonhomme.

Je repars dans les bouchons. 45 minutes plus tard. Rebelote.


Physiquement et nerveusement, je commence à être dans le dur. Hors de question de passer encore des heures dans ces bouchons.

Rien à branler. Je me mets donc sur la BAU de gauche et remonte les files. Je me fais un peu serré et klaxonné par une petite minorité de $#£µ. Je m'attendais à plus de résistance. Au fur et à mesure de ma remontée, d'autres motards ont pris ma roue. On est une petite dizaine.


The big mess


Peu après l'intersection avec la 405, je sors de la Highway et tente ma chance par les autres routes.

La sortie est bouchée un peu plus loin. Quelques mètres plus tard, je prends conscience du bordel.

Routes et intersections bloquées, feux de circulation éteints, des branches d'arbres par terre un peu partout.

D'autres routes sont fermées par la police car des chutes d'arbres ont fait tomber les lignes électriques.


Je sors le téléphone pour que Google Maps me guide. Problème : pas de data probablement dû à la coupure du réseau électrique.

J'ai donc essayé de tracer vers le sud en me repérant avec la position du soleil et avec l'indicateur de cap de la tracer.


Au bout d'un temps qui me semble une éternité, à slalomer entre les voitures et les branches. J'arrive dans le centre ville de Seattle où là il y a du courant. Bonne nouvelle.

Je galère pour trouver l'auberge de jeunesse située près de Central Market. Je trouve le marché que je prends en photo.



Je fais le tour du bloc au moins 3-4 fois. Mais elle se cache où bordel cette auberge. En plus il s'est remis à bien pleuvoir depuis peu. Je décide donc de me garer dans un parking puis de chercher à pied. Tant pis pour le tarif, j'en ai un peu plein le... Il fait déjà nuit.

L'entrée du parking est en forte pente. Je m'arrête au niveau de la barrière pour récupérer un ticket.

C'te cochonnerie ne détecte pas ma moto et ne sort pas de ticket ni ne lève la barrière.

J'appuie sur le bouton pour obtenir de l'aide. Rien. Au bout d'une minute, j'essaie de remonter la moto pour sortir.

Pas moyen de bouger le bestiau suffisamment avec la pente. Pas de voiture qui arrive non plus.


Je commence à bouillir. J'ai envie de défoncer la barrière et ce distributeur.

Finalement un mec se pointe, m'ouvre la barrière et me dit de rentrer sans ticket.

Je pose la moto, récupère mes affaires et me mets à la recherche de l'auberge. L'entrée de l'auberge est très petite.

Tout s'explique.


J'arrive à l'auberge de jeunesse située près de Central Market, content d'en avoir fini, éprouvé comme jamais lors d'une journée moto : orages, tempête de vent, et bouchons, slaloms au milieu du bordel, en partant et en arrivant de nuit.

Je pose les affaires dans la chambre et file grailler. Faut que je mange, j'ai comme un petit creux.

Le jour de repos du lendemain va me faire du bien.


Quelques jours plus tard, je tomberai sur un kiosque à journal qui parle de cette "tempête".

La météo avait finalement bien raison.