Prémisce de mon 1er voyage à bécane au pays de la bannière étoilée

The very beginnings of my first fuckin' american motorcycle roadtrip


Aux prémices de ce voyage, ce fut un doux rêve : gagner le Colorado depuis le Texas, profiter de sa nature luxuriante - hauts plateaux, pics, cols, canyons - poursuivre par l’Utah et ses paysages grandioses voire pousser jusqu’à la Californie pour m’engouffrer dans le Désert de Mojave et être piqué à vif par les arbres si rares de Joshua Tree.


Et puis les jours et les semaines passant, l’idée fit son chemin et prit de l’envergure, de la folie. Me dis-je, tant qu’à être au Colorado, pourquoi ne pas cheminer au Wyoming ?


A l’évocation de son nom… Yellowstone, cela est devenue une évidence, impossible de manquer une merveille pareille. Une fois dans ce paradis encore imaginaire, si cela est possible, pourquoi ne pas s’aventurer dans un autre au Montana… le Parc National des Glaciers. Revivre la scène d'ouverture de Shining au guidon de ma bécane, et ne pas connaître la même fin si possible.


Quitte à être si loin, ce serait regrettable et malpoli ne pas saluer les voisins canadiens en Colombie Britannique.

Il semblerait que ses habitants sont agréables, ses paysages superbes et la Sea to Sky Highway à couper le souffle.


Aller plus au nord rendrait mon idée de périple moins plausible, invraisemblable. Mon hémisphère droit pris pour une fois le dessus sur son frérot de gauche, plus rêveur. L’Alaska, son immensité, le Denali et ses glaciers, ce sera pour une prochaine aventure. Son tour viendra je l'espère.


Mais le sud ce n’est pas si mal après tout… Seattle et ses alentours, sa côte sauvage et bien sûr sa Pacific West Coast par l’Oregon et la Californie.


Puis vient une rencontre inattendue et frappante avec une photo, une impression de beauté irréelle, comme pour la découverte des Cinque Terre un an plus tôt. Tant d’éclat et de grandeur, cela ne peut exister.

Et bien si, Crater Lake, tel est son nom… Un détour s’impose.


Le Pacifique m’invitera sans doute à poser de nouveau mes deux roues le long de sa côte, notamment sa fameuse Route 1, pour embrasser ensuite la culturelle San Francisco. Revoir sa côte, son pont embrumé, revivre la scène de Bullit sur Russian Hill au guidon de ma moto, à défaut de Mustang GT.  Oh que oui.


La suite, véritable choix cornélien : poursuivre sur la route 1 ou profiter des joyaux naturels californiens - Yosemite, Kings Canyon, Séquoia Parc, Death Valley... Peut-être les deux soyons fous, le destin en décidera tout comme le retour jusqu’au pays des cow-boys.


Pour réaliser ce fou désir d’évasion, j’ai à disposition de précieux alliés : un appétit Obélixtique de découverte, ma fidèle bécane et un stock conséquent de jours de congés et de récup'... encore faut-il que je puisse les poser.


Par un mal-heureux hasard professionnel – c’est selon – une fenêtre temporelle s’ouvre. Plus rien ne s’oppose désormais à la concrétisation de mon odyssée à deux roues. Je saute sans tarder sur ma moto et file - un peu à l'arrache certes - à travers l’air texan, assommant de chaleur, mais aux envoûtantes effluves d’abandon et de libre-arbitre.


L’intemporelle chanson Ma liberté de Serge Reggiani me trotte dans la tête. Je ne sais pas de quoi seront faites les semaines à venir... et c’est définitivement ça qui est bon.